mercredi 16 mars 2011

Le son se fit entendre de nouveau, c'était un soupir.




Regarde ! c’est une soirée de gala
Parmi ces dernières années solitaires !
Un tourbillon d’anges, ailés, vêtus
De voiles, et noyés en larmes,
S’asseyant dans un théâtre, pour voir
Une pièce d’espoirs et de peurs,
Pendant que l’orchestre souffle juste
La musique des sphères.

Des mimes, en forme de Dieu là-haut,
Murmurent et susurrent tout bas,
Et voltigent de-ci de-là;
De simples marionnettes elles, qui vont et viennent
Au commandement de vastes choses informes
Qui changent de scène par-ci par-là,
Expulsant de dessous chaque coup d’aile du condor
D’invisibles Douleurs !

Ce drame là de losanges ! — oh, soyez-en sûr
Ne sera pas oublié !
Avec son Fantôme chassé depuis,
Par une foule qui jamais ne le saisit,
Au travers d’un cercle qui revenait toujours
Sur son même et unique centre;
Et beaucoup de Folie, et davantage de Péché
Et Horreur, l’âme du plan !

Mais regarde, au milieu de la foule des mimes
L’ombre croulante s’introduit !
Une chose rouge-sang s’avance en tourbillonnant du dehors
De la solitude scènique !
Tourbillonne ! — Tourbillonne ! — avec des contorsions mortelles
Des mimes se nourrit-elle,
Et les séraphins gémissent devant les crocs de la vermine
Trempés dans le charnier humain.

Éteint — éteintes les lumières — tout est éteint !
Et par dessus chaque forme frémissante,
Le rideau, linceul funéraire,
Tombe avec la force d’un orage —
Et les anges, tous pâles et livides,
Se levant, se dévoilant, affirment
Que la pièce est la tragédie, « Homme, »
Et son héros, le Ver conquérant.

Extrait de Liegia, Edgar Allan Poe.

Un post assez sombre aujourd'hui. Nulle lumière imaginaire ne semble s'extraire de ces morceaux ou simplement une lumière blanche, grise, terne. Juste de la musique pour se sentir vivant. Une musique pour prendre la pleine mesure du monde qui nous entoure. Ecouter et laissez vous porter par cette petite sélection issue des profondeurs sonores.










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